« Mes chers compatriotes... » Les mots tournent dans sa tête comme un leitmotiv. Des mois de campagne, des mois à sonder le nord, sud , est, ouest des Etats-Unis, sauter d'avion en avion pour serrer la main d'un peuple qui retournerait peut être sa confiance contre lui. Quelques jours et son périple prendrait fin, quelques jours et on clamerait son nom comme chef de l'état, il quitterait sa demeure bordant Central Park pour investir le bureau ovale. S'il avait su à quel point ce titre se méritait. On l'avait mis en garde, on avait souri, on l'avait soutenu. La vie d'un politicien est comme une putain enragée, souriante, agréable et traîtresse. Les journalistes épiaient tels Big Brother ses moindres faits et gestes pour publier les pamphlets les plus croustillants. Les avocats planchaient sur ses dossiers comme des rapaces attendant une proie. Certains membres de son staff ressemblaient à Brutus et Cassius quand César grimpait les marches du Sénat. Oui, la politique était un jeu dangereux auquel il s'était préparé, et avec la hargne qu'il fallait pour tenir entre ses mains ce vaste pays, il continuerait jusqu'à entendre son nom scandé par une foule heureuse, jusqu'à voir le visage décomposé de son adversaire. Le monde politique est une jungle.

Certains sont là car ils rêvent de cela depuis l’enfance. D’autres avaient d’autres idéaux, mais face à la dure réalité ils ont du se mettre au pas. Car dans la vie on marche ou on crève. Cela représente l’envie de pouvoir. Ne rêvez pas, il coule dans le sang de ceux qui vous gouvernent, de ceux qui vous informent, de ceux qui vous assistent. Et pour l’obtenir ils sont prêts à tout. Bienvenue dans les coulisses. Le monde de ceux qui sur papier glacé vous semblent beaux, irréprochables et passionnés. Vos avocats, vos hommes politiques, vos journalistes. Derrière la belle réalité tronquée se cache un autre monde. Le monde des puissants ou tout n’est qu’avidité, complot, sexe, envie, un monde ou tout est permis. Poignardez votre meilleur ami dans le dos et surtout n’ayez aucun remord.

« En politique le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal. »

12H30. Tandis que les spectateurs fébriles augmentent le son de leur télévision, en coulisse un étrange ballet se joue. Les journalistes sont sur le qui-vive, eux qui ont alimentés les rumeurs les plus folles, traqués sans relâche les politiciens, décryptés le moindre discours. Ils se sont entretués dans une course folle au scoop, au buzz et ont été servis. En ce soir d’élection chacun retient son souffle, on murmure qu'untel serait élu avant que quelqu'un ne démentisse l'information. Le jeu de la politique est un jeu dangereux. A l'image de cette femme, qui brille en tailleur mais qui n'a pas pu sauver son mariage. Elle passait ses nuits au bureau, était fatiguée et irritable. Ce n'est pas la seule à avoir laissé sa peau. Jones, le grand favori de ces élections a vu sa vie éclater en morceau. Un tabloïd a publié des photos de lui étreignant fougueusement un jeune homme. Il en est fini de ses dix-sept ans de mariage et de sa brillante carrière. Il a été remplacé en urgence par un jeune sans expérience qui se sent déjà dépassé par les évènements. Six partis se mènent une guerre sans merci pour obtenir ce précieux sésame et pouvoir diriger un pays. Pour réussir ils sont prêts à tout : discréditer leurs ennemis mais aussi leurs alliés. Car pour être candidat il faut être le meilleur. Ainsi pour avoir le statut de leader il se peut que votre meilleur allié devienne votre pire ennemi. Chaque secret qu'il vous aura confié, chaque moment où il vous a épaulé, chaque épreuve que vous avez traversé, il faudra tout oublier. Car en politique il faut mettre ses sentiments de coté. Un bon conseil : soyez machiavélique.

« La dictature c'est "ferme ta gueule", mais la démocratie c'est "cause toujours". »

L'affaire avait secoué les médias. Les journalistes s'étaient tous rués sur ce scandale pour en faire la une de leur journal ou de leur magazine. La photo du juge Lewis embrassant farouchement une jolie blondinette avait fait le tour de Washington, voire même du district de Columbia. Adieu notoriété, adieu salaire alléchant, adieu la jolie réputation. Il n'avait fallu qu'une menace qu'il n'avait pas prise au sérieux pour lui transformer la vie. Lewis devait s'en mordre les doigts. Il était loin d'imaginer le degré de corruption qui s'était petit à petit installé dans le milieu. Il n'avait eu qu'à refuser une faveur demandée par un client pour qu'une "source anonyme" ne diffuse ce cliché. Lui qui avait l'habitude de prôner la justice et l'honnêteté se retrouvait désormais pris à son propre jeu. Quoi de plus agaçant ?
Plus que jamais, la corruption et le chantage règnent discrètement en maître sur le monde de la justice, à l'image de la politique. Méfiez-vous des apparences, elles sont souvent trompeuses.

Que ce soit en politique, ou en droit, l'honnêteté a malheureusement laissé sa place à la corruption. Chantage, trahison, coups bas et arrangements en tous genre sont le quotidien de tous ces politiciens, juges, avocats... ainsi que de tous ceux qui osent se frotter de près ou de loin à ce milieu dangereux. Entre la droiture et la duperie, la pente est glissante, et nombreux sont ceux qui n'en sont pas ressorti indemnes.