« Comme si le désespoir avait pris forme. La forme d'un cri. Je crie la fin d'un rêve. Je crie l'atroce réalité de cette vie de merde qui donne et qui reprend. Je crie ce que l'on a vécu, ce que l'on aurait pu vivre encore. Je crie ma détresse, je crie mon désespoir, je crie mon amour. » (hell)

Soirée mondaine, soirée ennuyante. Une coupe de champagne à la main, un robe de créateur autour de son corps, Tamara est postée dans un coin de la pièce, balayant l'endroit du regard. Elle ne connaît personne, et elle s'ennuie profondément. Pourquoi ses parents persistent-ils à l'emmener dans ce genre de soirée, en sachant pertinemment qu'elle ne s'amusera pas une seconde ? Elle a à peine vingt ans, elle devrait être entrain de danser avec des copines. Au lieu de ça, elle doit afficher un sourire faux à des dizaines de vieux chnoques qui la reluquent sans gêne. « Passionnante cette soirée, non ? » Tamara est sortie de sa rêverie par une voix masculine. Elle tourne la tête, et se retrouve nez à nez avec un jeune homme qui a l'air à peine plus âgé qu'elle. Il est beau, c'est la première chose qu'elle remarque. Un sourire à la limite du niais s'affiche instantanément sur son visage. « Je ne me suis jamais autant amusée ! » répond la blondinette, rentrant dans son jeu. Le brun sourit à son tour. Le coeur de Tamara bat la chamade. Elle ne connait pas ce jeune homme, pourtant il lui fait déjà de l'effet. Son côté fleur bleue la rattrape toujours au galop, tomber amoureuse au premier regard, ça la connaît. « Aaron Landsbury, enchanté. » Elle effectue une petite révérence exagérée, se moquant des manières de la majorité des gens présents à cette soirée. « Tamara Jefferson, ravie de faire votre connaissance. » Elle n'arrive pas à détacher ce sourire de ses lèvres. Soudain, la soirée lui paraît beaucoup plus intéressante, et elle aurait presque envie qu'elle ne s'arrête jamais. Elle porte sa coupe à ses lèvres, pour se rendre compte qu'elle est vide. Elle lâche un petit rire amusé. « Je crois que je viens de signer mon arrêt de mort... » dit-elle, malicieuse. Sous-entendu : plus de champagne à cette soirée, et ma vie est finie. Le Aaron en question jette un oeil à son verre, qui ne contient plus grand chose non plus. Il hausse les épaules, et le pose sur une table. « On peut toujours s'éclipser discrètement vers un endroit plus divertissant. » Une mine soulagée s'affiche sur le visage de Tamara. Enfin, la chance tourne en sa faveur ! Adieu soirée ennuyante, bonjour nouvelles aventures avec ce charmant jeune homme. « Je n'attendais que ça ! »

Elle est seule dans cette grande maison. Encore. Elle s'ennuie. Toujours. On l'avait pourtant prévenue. "La politique, ça te bouffe un couple." Elle n'y avait pas cru. La voilà aujourd'hui face à cette dure réalité : sa vie n'était pas celle dont elle avait toujours rêvé. Ce mariage n'était pas parfait comme il aurait du l'être. Les médias s'en délectaient, attendant l'erreur de trop, la goutte d'eau qui ferait déborder le vase. Avait-il une liaison ? Pourquoi s'absentait-il aussi souvent ? Qu'était devenue leur complicité d'autrefois ? Pourquoi n'avaient-ils plus rien à se dire ? A-t-il changé ? Ai-je changé ? Tant de question se bousculaient dans sa tête sans qu'elle ne parvienne à y apporter une réponse. Pourtant, l'explication est simple : les choses changent. Les gens aussi. Parfois, au lieu d'emprunter ensemble le même chemin, il arrive que chacun parte dans une direction différente. Cela fait partie des grandes déceptions de la vie.

« But baby there you go again making me love you. I stopped using my head let it all go. Got you stuck on my body like a tattoo. And now I'm feeling stupid crawling back to you. So I cross my heart, and I hope to die, that I'll only stay with you one more night. And I know I said it a million times, but i'll only stay with you one more night » (maroon 5)

Boston. Elle avait suivi Aaron à Boston pour un week end. Le but étant, soi-disant, de passer plus de temps ensemble, pour essayer de remettre leur couple d'aplomb. En réalité, elle ne le voyait pas plus que si elle était restée à Washington. Seule, elle erre aux hasards des rues, le long des vitrines de boutiques. Elle rentre dans quelques magasins, parfois (surtout pour se réchauffer). Finalement, elle passe devant l'enseigne d'un café, et se décide à y rentrer. Tamara s'assied au comptoir. « Un chocolat chaud, s'il vous plait. » Elle retire son manteau, ainsi que ses gants et son écharpe. L'hiver a bel et bien pris possession du territoire. C'est une période de l'année que la blondinette déteste. Le froid ne lui donne envie de rien faire, à part peut-être rester allongée dans son lit toute la journée. Le serveur lui apporte son chocolat chaud avec un sourire. Elle s'apprête à porter ses lèvres à la tasse lorsqu'une voix masculine l'interrompt. « Vous n'êtes pas du coin, je me trompe ? » Tamara tourne la tête vers l'homme qui lui a parlé. Il est assis sur un tabouret à quelques mètres d'elle. Quelque chose chez lui fait frissonner la blondinette. On ne peut pas dire qu'il soit du genre magnifique, pourtant il dégage quelque chose qui ne la laisse pas indifférente. Curieuse de savoir où cette conversation pourrait bien la mener, elle rentre dans son jeu. « Ça se voit tant que ça ? » répond-elle en feignant la surprise. L'homme se rapproche et s'assoit sur le tabouret à côté du sien. « Simplement en vous regardant, je n'aurais pas pu le deviner. C'est juste que... » Il se penche vers son oreille et baisse la voix, comme s'il allait lui faire une confession des plus importantes. « N'importe quel Bostonien sait que le chocolat chaud d'ici est infâme ! » Les yeux de Tamara pétillent. Il est drôle. Elle laisse échapper un petit rire. « Oh, dans ce cas je vais m'arranger pour le renverser discrètement par terre, et que ça ait l'air d'un accident... » répondit-elle avec un clin d'oeil. « Je ne dirais rien, promis ! » L'homme prend un instant pour laisser son regard courir sur la blonde. Elle est très jolie, et elle a l'air amusante. « Je m'appelle Dylan. » annonce-t-il en tendant la main à la blonde. Celle-ci l'observe, semble réfléchir quelques secondes, puis répond à son tour. « Riley, enchantée. » Son deuxième prénom, oui. Il n'y a pas de mal à s'amuser, après tout elle ne reverra sûrement jamais cet homme. Pourquoi ne pas s'évader un peu de son identité qui la rend si captive ?

Elle l'a revu. Elle a menti, et elle s'en veut. Sa conscience lui chuchote d'avouer la vérité, mais elle n'en a pas le courage. Pourquoi se sent-elle si coupable d'avoir mentit à quelqu'un qu'elle connait à peine ? Peut-être parce que ce n'est pas de cette façon qu'elle a été éduquée ? Ou bien parce qu'elle a peur de le décevoir... C'est la boule au ventre qu'elle le revoit à chaque fois, l'angoisse si terrifiante qu'il ait découvert la vérité. Tout se sait, jolie blonde, tout se sait.